Dirigeants : les erreurs à éviter lors de votre prise de poste

Même pour si vous êtes un leader expérimenté qui a fait des merveilles dans votre précédent poste, la possibilité d’un échec lors d’une nouvelle prise de poste est réelle. En particulier si votre transition nécessite un changement de zone géographique, de périmètre, de taille d’entreprise ou de secteur. Vous savez que les six premiers mois dans une nouvelle fonction sont cruciaux, et que le coût d’un faux départ est énorme. Pourtant, malgré un processus de sélection exigeant, de nombreux cadres chevronnés avec une grande expérience professionnelle trébuchent durant cette période importante, commettant des erreurs évitables qui compromettent leur impact potentiel. Et trop souvent, ils reconnaissent la cause profonde de cet échec d’intégration trop tardivement pour rectifier la situation. Simple erreur de recrutement ?

Un certain nombre de problèmes peuvent faire dérailler le processus d’ intégration des cadres supérieurs ou dirigeants nouvellement recrutés, qui avaient pourtant un profil de candidat idéal. Dans cet article, je complète un précédent article en parcourant les erreurs les plus courantes dont mes clients m’ont parlés lors de leur prise de poste. Et je donne quelques idées pour les éviter.

Sommaire

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Manquer d’alignement stratégique lors de sa prise de poste

L’une des erreurs les plus courantes que vous commettez au cours de votre processus d’ intégration est de ne pas vous aligner suffisamment rapidement sur la vision stratégique de l’entreprise. Si vous êtes une Chief Marketing Officer (CMO) nouvellement embauchée, vous allez être tentée de rapidement mettre en œuvre une nouvelle campagne de marketing, avant de comprendre pleinement la stratégie de croissance à long terme de l’entreprise. Vous vous lancez directement dans des tâches opérationnelles plus faciles à faire avancer, sans comprendre pleinement vos objectifs stratégiques plus larges. Ce décalage peut conduire à des initiatives qui ne soutiennent pas réellement les objectifs de l’entreprise, et vous démarrez vos premiers mois en perdant du temps et en n’allouant pas vos ressources de manière optimale.

En engageant rapidement des discussions approfondies avec vos pairs du Comité de Direction et d’autres cadres supérieurs sur la vision, les objectifs et le paysage concurrentiel de l’entreprise, il sera plus facile d’aligner stratégiquement vos actions pour avoir un impact significatif. Et des points réguliers au cours des premiers mois vous permettront de vous assurer que vos efforts continueront d’être alignés.

 

Négliger la nécessité d’obtenir des résultats rapides

Il est essentiel de comprendre la stratégie à long terme de l’entreprise sans négliger la nécessité d’obtenir des résultats rapides. Les ‘quick wins’ contribuent à renforcer votre crédibilité et votre élan en tant que manager de manager ou cadre dirigeant.

Quels sont les risques pour vous si vous êtes un nouveau responsable des ventes qui vous concentrez uniquement sur une stratégie d’expansion du marché à long terme, et que vous dépriorisez les opportunités plus petites et plus immédiates d’augmenter les ventes ? En obtenant quelques résultats rapides dès le début, vous pouvez démontrer votre efficacité et obtenir davantage de soutien pour vos initiatives plus importantes.

Quick win ou changement rapide?

Mais rappelez-vous que ‘quick win’ ne veut pas dire changements rapides. En prenant votre nouvel emploi, vous êtes bien sûr attendus sur votre capacité à mettre en place des changements constructifs. Mais tout changement génère des résistances, et aucune équipe n’aime le changement quand il est mis en place de façon trop rapide. Alors allez-y tranquillement, en prenant le temps de voir ce qui sera à mettre en œuvre rapidement et à moyen terme.

L’art subtile de manier à la fois le temps court et le temps long !

 

Faire des promesses excessives lors de sa prise de poste et ne pas les tenir ensuite

Autre point délicat de l’équilibre en court terme et long terme : si vous sentez trop de pression à avoir un impact immédiat, vous pouvez vous retrouver à promettre plus que vous ne pouvez tenir. Promettre ou dire « oui » à tout flattera votre ego et l’image positive que vous souhaitez renvoyer, cela satisfera votre besoin de reconnaissance dans cette nouvelle entreprise. Mais cette approche peut se retourner contre vous si vous ne répondez pas aux attentes de l’entreprise et des équipes, auprès de qui vous ferez mauvaise impression. Cela nuira à votre crédibilité, et érodera la confiance de vos collègues et des parties prenantes.

Exemple : si vous êtes une directrice financière, vous pourriez être tentées de vous engager à réduire les coûts d’un certain pourcentage dans les 6 premiers mois de votre arrivée, pour créer un impact significatif. Pour vous rendre compte que les économies promises sont en réalité impossibles à réaliser, et ces exigences excessives, en raison de contraintes économiques imprévues.

Lors de votre processus d’ intégration, il vaut mieux vous fixer des objectifs réalistes et communiquer de manière transparente sur les défis que vous risquez de rencontrer sur le chemin. Attendre avant de faire des promesses, et au final faire plus que ce qui a été évoqué vous aidera à instaurer la confiance, tout en démontrant vos compétences au fil du temps.

 

Confondre zone d’action et zone de préoccupation

Lors de séances de coaching professionnel, j’observe aussi auprès de mes clients expérimentés leur difficulté, dans les premiers mois de leur prise de poste, à différencier les problèmes à résoudre des problèmes avec lesquels cohabiter. Ils confondent deux choses :

  • D’une part, ce sur quoi ils peuvent réellement agir, leur pouvoir d’action sur une partie de leur entreprise, sur le cadre et les règles du jeu qu’ils posent avec leur nouvelle équipe, sur leur communication et la façon dont ils souhaitent que chacun communique au sein de leurs équipes
  • D’autre part, ce qui les préoccupe et avec quoi ils vont devoir cohabiter. Il s’agit des problèmes sur lesquels ils n’ont pas de réel pouvoir d’action ou d’influence.

Un état d’esprit réactif

Malgré votre beau parcours professionnel, cette confusion peut vous conduire à avoir un état d’esprit réactif, et détourner votre attention de là où vous serez plus efficace. Par exemple, au lieu de s’inquiéter d’un éventuel ralentissement économique, un Directeur commercial pourrait se concentrer sur l’impact positif d’une amélioration de l’efficacité opérationnelle et de l’exploration de nouvelles sources de revenus.

Votre pouvoir d’action ou d’influence sur les conditions macroéconomiques ou les changements réglementaires étant limité, autant prioriser ce sur quoi vous pouvez agir de manière proactive. Pour éviter ce piège, vérifiez régulièrement à quoi vous consacrez votre temps et votre énergie. Au-delà du descriptif de votre fiche de poste, cette pratique réflexive sur vos missions principales vous aidera à orienter vos efforts vers ce que vous pouvez changer, et non vers ce que vous souhaitez changer.

 

Sous-estimer la culture et les valeurs de l’entreprise

Une autre erreur commune consiste à sous-estimer l’importance de la culture d’ entreprise, surtout si vous êtes restés longtemps dans votre ancienne entreprise. Je constate avec mes clients que de nombreux cadres supérieurs, désireux de prouver leur valeur, se concentrent trop sur les résultats visibles, tangibles, communicables. Ils négligent les subtilités de la culture, des valeurs de l’entreprise, des convictions profondément ancrées, des normes sociales et professionnelles de l’organisation – souvent des sujets insuffisamment évoqués lors du processus de recrutement, qui se concentrent sur des aspects techniques. Ils se lancent alors dans des actions qui, bien que bien intentionnées, peuvent entrer en conflit avec les normes établies de l’entreprise et créer des frictions entre les membres de l’équipe ou avec d’autres départements.

Les risques de la démotivation

Je me souviens par exemple d’une directrice des opérations nouvellement nommée dans une entreprise connue pour sa culture de collaboration. Elle avait déjà toutes les compétences requises, nous avons donc travaillé ensemble le risque qu’elle courrait à utiliser son style de management plus hiérarchique que ce qui était habituel au sein de cette entreprise. Si elle n’avait rien changé à ses habitudes managériales, cela aurait entraîné une certaine confusion parmi ses équipes, et probablement une baisse de motivation des meilleurs talents de son équipe à moyen terme.

Pour éviter cet écueil, elle a pris le temps d’observer, d’écouter et de comprendre la culture d’ entreprise au début de son processus d’ intégration, pour rassembler des informations claires sur les règles non écrites qui régissent ce nouvel environnement professionnel. Comment fonctionnent réellement les personnes entre elles ? Quels sont les jeux d’influence et de pouvoir ? A quoi ressemble l’organigramme implicite ? Quelles sont les opportunités professionnelles réelles des meilleurs profils ?

 

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Avoir des difficultés à nouer des relations clés dès sa prise de poste

Même dans des conditions optimales, vos premiers mois en tant que cadre supérieur ou dirigeant sont le plus souvent vécus comme très intenses, car vous devez rencontrer « tout le monde » : vos pairs, vos équipes directes, vos principaux clients et partenaires, votre conseil d’administration, les investisseurs, etc. Il est facile de sous-estimer le temps et l’énergie nécessaires pour cultiver des relations solides. Vous finissez rapidement par vous concentrez sur quelques personnes, que les autres commencent à percevoir comme des privilégiés. Cela soulage peut-être votre emploi du temps, mais vous fait développer une réflexion trop cloisonnée sur votre nouvel écosystème, avec pour conséquence de freiner vos collaborations et celles de vos équipes au sein de l’entreprise.

Il est essentiel de tisser des liens à tous les niveaux, d’adopter une approche proactive dans la construction de relations, d’aller à la rencontre de vos pairs dans toutes leurs fonctions, pour comprendre leurs besoins et leurs défis, et trouver un terrain d’entente pour collaborer. Cela vous sera particulièrement utile quand vous aurez besoin de soutien pour réaliser vos projets.


Trop tarder à déléguer

Après un processus de recrutement souvent long et ardu, vous êtes pressés de prouver votre valeur, de mettre la main à la pâte dès les premières semaines. Vous pouvez tomber dans le piège du contrôle en pensant que faire vous permettra de prouver vos compétences techniques. Par exemple, en tant que Chief Product Officer (CPO), si vous insistez pour approuver chaque détail de votre premier lancement de produit dans les premiers mois de votre prise de poste, vous risquez de retarder les délais et de frustrer vos équipes. Pas besoin de chercher à vous rendre indispensable… sur des tâches qui ne relèvent pas de votre niveau de responsabilité.

Pour éviter cette erreur en management, vous devez faire un double pari : celui de votre propre compétence, qui sera reconnue en temps et en heure, et celui de la compétence de vos équipes, en faisant confiance à leur expertise et aux bonnes pratiques déjà mises en place. Cela vous aidera à vous concentrer sur votre feuille de route stratégique, plutôt que de vous enliser dans les détails quotidiens dont il vous faudra beaucoup de temps pour vous dégager.

 

Ne pas s’adapter aux dynamiques de son nouveau secteur d’activité dès sa prise de poste

Si vous avez travaillé dans un secteur différent auparavant, vous pouvez mettre du temps à adapter votre cadre de référence et vos stratégies à la dynamique propre au secteur de votre nouvelle entreprise, qui a un paysage concurrentiel différent et des clients qui ont d’autres types de comportements. C’est par exemple le cas si votre parcours professionnel vous mène d’un milieu technologique vers la vente au détail. Prôner une transformation numérique sans comprendre les complexités de la gestion de la chaîne d’approvisionnement propre à la vente au détail vous mettrait en grande difficulté parce que ce décalage conduirait à des stratégies inefficaces et à un gaspillage de ressources. Vous étiez le candidat idéal parmi un vivier de candidats, avec toutes les compétences requises, et rapidement l’impact positif que vous souhaitiez avoir vous donne une mauvaise image.

 

Arrêter d’apprendre

Enfin, l’une des erreurs à éviter est de penser que votre niveau de séniorité vous donne un passe-droit pour ne plus développer vos compétences techniques et votre savoir-être. Répondre « voici comment nous faisions dans mon ancienne entreprise » aura peu de chance de susciter beaucoup de soutien au sein de votre nouvelle entreprise. Cet état d’esprit ne peut que vous conduire à une forme de stagnation confortable et limiter à terme vos opportunités professionnelles. Ne pas rester ouvert à de nouvelles idées, ne pas être en alerte sur des nouveautés sur l’évolution de votre domaine d’activité, ne pas essayer de nouvelles approches lors de mises en situation, serait passer à côté d’informations importantes pour maintenir votre avantage concurrentiel.

 

En Conclusion

Après le processus de recrutement, les six premiers mois dans une nouvelle fonction sont une période décisive. S’intégrer à un nouvel environnement n’est pas qu’une question de talent, de compétence ou d’expérience professionnelle. Même les cadres les plus expérimentés peuvent échouer si elles n’ont pas un plan pour les aider. Frustrant de frôler l’erreur de recrutement avec un candidat idéal après un long processus de sélection !

Quelque soit le profil recherché initialement, à ce niveau de séniorité, les entreprises sont alors confrontées à une perturbation importante de leurs activités, à une baisse de l’efficacité des équipes qui souffrent d’une baisse de motivation, et même à la perte de clients.

Une erreur de recrutement, cela arrive, même avec les meilleurs profils. Mais en évitant les erreurs les plus courantes lors d’une prise de poste, en s’alignant sur la vision stratégique de l’entreprise, en comprenant sa culture, en fixant des objectifs réalistes et en nouant des relations clés, vous pouvez éviter de nombreux écueils et vous imposer comme des leaders efficaces et influents.

Un coaching professionnel de prise de poste peut être utile pour vous guider tout au long de votre intégration et mettre toutes les chances de votre côté.

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