Poussés à partir et changer d’entreprise ?

Sommaire

Économie en berne ou pas, peu d’entreprises font le pas de licencier quelqu’un spontanément. Mais elles peuvent utiliser des méthodes plus ou moins implicites pour vous pousser à s’en aller de vous-même, par démission ou rupture conventionnelle. Sans aller jusqu’au harcèlement moral, elles vous mettent en situation de surcharge de travail, ou à l’inverse de sous-charge de travail ou de placardisation…

Si votre entreprise envisage de vous licencier, elle espère probablement d’abord que vous lui faciliterez la tâche en partant de vous-même. Et le télétravail peut accentuer ce processus, par la distance qu’il induit : soit en faisant de moins en moins attention à vous parce que vous n’êtes pas au bureau physiquement, soit en vous assaillant de demandes justement parce que vous êtes chez vous, derrière votre écran.

Côté « receveur », ce n’est jamais agréable de sentir que vous n’êtes plus bienvenue dans votre équipe, dans votre entreprise. De quoi parle-t-on concrètement ? Quels sont les signes évidents et quels sont les signaux faibles qui indiquent que vous êtes en train d’être poussés vers la sortie ?  et finalement comment changer d’entreprise positivement

 

démission changer d'entreprise - femme dans une poubelle - coaching and coaching

Poussés à la démission : vrais signes ou mauvaise passe ?

Les faits

Un jour vous sentez que « l’air » a changé autour de vous, la bonne ambiance n’est plus évidente, votre instinct vous dit que quelque chose ne va pas, et que vous commencez à douter de votre position et des intentions de vos boss concernant vos perspectives d’ évolution. Ces signes sont souvent blessants. Oui mais…

Commencez par vous demander si ce changement que vous percevez est lié à une mauvaise semaine ou à une accumulation de faits. C’est ce qui vous aidera à éviter de surinterpréter une remarque certes maladroite, mais anodine, de votre manager. Parce que nous sommes tous prônes à être « parano ». En termes plus scientifiques, c’est lié au biais de confirmation. Si vous avez l’impression d’être poussés vers la sortie, vous allez remarquer tous ce qui va dans ce sens, tout ce qui corrobore cette hypothèse, et uniquement cela.

Pour être sûrs que vous ne vous faites pas de films sur votre entreprise actuelle, il vous faut au moins un avocat du diable. Commençons par vous-même : pour garder une approche suffisamment objective sur votre situation, il est utile de regarder aussi ce qui se passe bien, là où vous êtes reconnus par vos collègues et boss.

Vous pourrez ensuite en parler à un tiers extérieur à l’entreprise : ami(e), coach professionnel(le) ou psychologue du travail si votre mal-être est important. Avoir un regard extérieur qui n’est pas parti-prenant de la situation est utile pour vous aider à comprendre si votre entreprise veut réellement vous pousser vers la sortie ou pas. Il s’agit alors de lui parler de tout ce que vous trouvez désagréable ou suspect dans votre quotidien au travail : remarques entendues, agressivité perçue, situation qui vous semble injuste, etc. Mais aussi des éléments positifs, pour lui demander un avis le plus objectif possible sur votre situation.

Objectiver votre ressenti avec la liste de ce qui ne vous semble pas normal, demander des avis extérieurs, voilà deux étapes importantes à suivre avant de considérer de nouvelles opportunités chez un futur employeur.

Incités à changer d’entreprise : les signes évidents d’un changement d’ambiance

Les indices qui ne trompent pas

Parmi les « vrais » signes, il y en a qui sont évidents. Listons-les rapidement, car en général, ces indices peu subtils ne vous échappent pas quand vous y êtes confrontés :

  • Vous étiez autonome, et maintenant on vous micro-manage. Votre autonomie quotidienne se réduit, et votre boss commence à observer vos faits et gestes, à questionner l’organisation de votre emploi du temps, à corriger chacun de vos livrables, etc.
  • Vous étiez très occupés, et votre charge de travail s’est (beaucoup) allégée ces dernières semaines, sans explication ou discussion claire. Signe encore plus évident : certaines de vos responsabilités sont petit à petit confiées à d’autres personnes, et l’on vous donne de nouvelles missions très différentes de vos responsabilités habituelles.
  • Vos contributions et vos efforts sont de moins en moins reconnus autour de vous. Et vous avez l’impression que le traitement n’est pas le même pour vos collègues, qui trouvent plus d’échos positifs.
  • Vos petites erreurs sont examinées avec beaucoup d’attention que d’habitude, et revues au prisme de votre (in)compétence. Alors qu’avant, elles donnaient simplement lieu à un retour constructif et à des conseils.

Un doute sur le fait d’être poussés à partir ? C’est l’intention qui compte

Le sentiment de rejet

Vous avez une impression de rejet. Est-ce vous qui vous vous sentez exclus, ignorés… ou est-ce que l’on vous exclut, vous ignore volontairement ?

Votre manager a-t-elle oublié de vous inclure dans son invitation à la réunion de la semaine prochaine ou vous a-t-elle exclus intentionnellement de la liste des invités ? Et si c’est volontaire, est-ce parce qu’elle préfère que vous vous concentriez sur le projet Machin ou parce qu’elle vous coupe l’accès à cette réunion ?

Votre manager n’est pas disponible pour revoir la présentation Truc. Est-ce parce qu’il est momentanément occupé ou est-ce qu’il reporte continuellement ? Des projets démarrent, vos collègues en parlent devant vous… et vous n’êtes pas inclus. Qu’en déduire ?

L’intention de l’autre peut tout changer à votre sentiment de rejet… Identifier cette intention vous aide à ne pas douter de vous, ce qui est doublement utile pour ceux qui souffrent d’un syndrome d’imposteur.

démission changer d'entreprise - clé - coaching and coaching

Incités à changer d’entreprise : votre part de responsabilité

Retour sur vos erreurs (oui, vous aussi vous en faîtes !)

Parmi les signes, il y en a un qui peut vous donner une boule au ventre : sur votre dernier dossier, vous vous êtes pris les pieds dans le tapis. Cela arrive à tout le monde :

  • vous n’avez pas atteint les objectifs qui vous ont été fixés
  • vous avez planté une présentation devant votre Comité de Direction ou un client important
  • vous avez blessé ou offensé une personne qui peut influencer votre future dans l’entreprise

Certains faux-pas, certaines erreurs ne sont pas tolérés, pardonnés ou oubliés en entreprise. Cela dépend de la culture d’ entreprise et du moment. Mais au-delà de savoir si ce faux-pas va vous coûter votre poste et l’évolution de carrière que vous aviez en tête, demandez-vous deux choses :

1/ est-ce que vous, vous continuez à vous faire confiance ?

et 2/ est-ce que vous continuez à faire confiance à votre entreprise dans leur manière de vous traiter ?

 

Retour sur les risques que vous êtes prêts à prendre

On vient de vous proposer une mission quasiment impossible à réussir : avec des échéances trop courtes, une trop grande charge de travail, trop de personnes qui se déclarent parties-prenantes, un sujet trop technique, loin de votre fiche de poste, etc. Vous acceptez pour tenter le tout pour le tout, quitte à déstabiliser votre équilibre de vie, ou vous refusez pour vous protéger, au risque d’accélérer votre chute ? Vous êtes devant une double contrainte : soit vous prenez trop de risques pour votre poste actuel, soit vous dites non à leur demande.

Où se situe votre part de responsabilité ? Quelle responsabilité souhaitez-vous engager ?

 

Et retour sur vos réussites

Se planter est un risque qui expose à se faire pousser à la démission par des jaloux et des grincheux. Mais réussir trop vite ou trop fort peut produire le même effet. Car en entreprise, vous pouvez aussi devenir une « cible à abattre ». Bonnes raisons ou mauvaises raisons, que se passe-t-il si c’est votre manager qui se sent éclipsé, à tort ou à raison, par vos succès professionnels ? C’est lui qui vous mettra en situation de risque, pour défendre sa position.

Là encore, quelle est votre part de responsabilité ?

 

Incités à changer d’entreprise : quoi faire ?

Reconnaitre ces signes révélateurs vous aidera à mieux réagir, à préparer votre réponse, à élaborer un plan d’action.

Parler pour retrouver la maitrise de la situation

Si vous avez des signes clairs et évidents que vous êtes poussés vers la sortie, il est important de ne pas vous effacer, et de vous préparer à parler. Au départ, le sentiment qui vous dominera sera probablement celui d’impuissance, lié au rejet. Vous aurez probablement l’impression de subir, et de ne pas pouvoir agir. En quelque sorte, que votre futur professionnel est à la merci de votre entreprise.

Pour retrouver un sentiment de maitrise sur votre situation, préparez-vous à parler avec votre boss pour comprendre ce qu’il se passe, et pourquoi l’entreprise ne tient pas à vous garder. Écrivez ou enregistrez ce que vous aimeriez dire au préalable. Cela vous permettra d’y voir plus clair, en posant des mots sur les comportements et les réactions des uns et des autres ces dernières semaines.

Demander des explications à votre manager ou aux Ressources Humaines, en parler à des tiers compétents (par exemples des médecins du travail ou des représentants du personnel) vous aidera à ne pas vous laisser faire lorsque vous sentez que vous êtes mis à l’écart au travail par votre employeur actuel.

Rester professionnel

Je ne parle pas ici de situations de pourrissement qui dégénèrent vers le contentieux, où il vous sera nécessaire de vous défendre avec l’aide d’un ou d’une avocate en droit du travail. Je parle d’une situation où vous aurez davantage à gagner en restant dans une démarche ouverte de discussion et de négociation. D’une part, parce que vous pourrez retrouver ces mêmes personnes au détour d’une autre entreprise, dans quelques années. D’autre part, parce que faire comprendre à ses boss ou aux RH que l’on comprend ce qui est en train de se passer peut suffire à améliorer la situation et à trouver une solution satisfaisante pour les deux parties. Cela vous permettra, par exemple, de leur demander ce qu’ils peuvent vous proposer, s’ils souhaitent que vous partiez rapidement (par exemple financer un bilan de compétences).

Quelle que soit votre plan d’action, restez professionnel(e). Oui, gardez en tête vos intérêts et vos besoins, mais faites-le avec autant de respect et de maturité que possible. Car vous avez probablement aussi de bons souvenirs et des relations fortes avec certains de vos collègues. Vous avez un rôle à jouer dans le fait de quitter votre entreprise avec un peu de sérénité.

Apprendre pour aujourd’hui et pour demain

Ces situations sont désagréables à vivre et pas faciles à gérer mais elle peuvent vous apprendre beaucoup et contribuer à votre évolution professionnelle. Avec ma casquette de coach professionnelle, je ne résiste pas à l’envie de vous proposer quelques questions à vous poser :

  • Qu’est ce qui est négociable pour vous, et qu’est-ce qui ne l’est pas ?
  • Qu’est-ce que vous apprenez de cette situation ?
  • Qu’est-ce que vous pourriez faire différemment la prochaine fois ?
  • Qu’est-ce que vous referiez exactement de la même manière la prochaine fois ?

 

En conclusion, avoir peur d’être poussés vers la sortie appelle à la prudence. Reprendre la main en reprenant l’initiative vous aidera à limiter une spirale négative qui mixe habituellement sentiment d’inutilité et état de tension. Cela peut être une bonne occasion pour vous faire accompagner par un(e) coach professionnel(le), qui pourra vous soutenir et vous aider à prendre les bonnes décisions avant d’envisager de passer des entretiens d’ embauche et de rejoindre une nouvelle entreprise. En gardant à l’esprit que quelque soit l’entreprise qui vous recrutera ensuite, elle vous offrira un avantage incomparable : un environnement de travail qui valorisera vos contributions.

A lire également