Vous faites vos premiers pas sur le marché de la recherche d’emploi après plusieurs années dans la même entreprise. Et peut-être vous sentez vous comme si vous veniez de vous séparer après une longue relation amoureuse et que vous ne saviez plus comment vous y prendre pour draguer… C’est normal ! Dans cet article, j’explore plusieurs pièges à éviter quand on se sent « rouillé ».
Sommaire
- ne pas oser chercher
- avec sa variante avoir peur de prendre la mauvaise décision pour changer d’entreprise
- vouloir changer d’entreprise d’abord et avant tout pour un plus gros salaire
- Croire, comme certains recruteurs, que vous n’avez pas évolué en restant dans la même entreprise
- Avec son corollaire : changer d’entreprise et avoir peur de ne pas arriver à vous adapter
- Confondre devoir faire ses preuves dans une nouvelle entreprise et devoir redémarrer à zéro
Ne pas oser chercher
Vous vous dites peut-être :
- L’herbe n’est pas plus verte ailleurs, et puis quand on a investi autant d’années que moi dans cette entreprise…
- On sait toujours ce qu’on perd mais on ne sait jamais ce qu’on va trouver, surtout quand on part sur un coup de tête
- Il y a plus malheureux que moi – quand je pense à comment ils traitent Bidule du Marketing…
- Quelque soit son expérience professionnelle, le monde du travail est devenu un enfer pour tout le monde de toutes façons
- En plus, s’il s’agit de se mettre en compétition avec des plus jeunes qui savent parfaitement quels sont les bons sites pour consulter les annonces, quel format de CV est apprécié des recruteurs aujourd’hui…
D’abord, ce n’est pas parce que cette entreprise vous convenait parfaitement à un instant T, que vous y avez gravi les échelons et montré votre loyauté, que ce choix va demeurer le bon jusqu’à la fin de votre vie professionnelle, que ce choix signifie renoncer à toute réorientation professionnelle.
Ensuite, aucun moment n’est idéal pour changer d’entreprise. Sauf si vous avez décidé de postuler dans un secteur peu porteur en ce moment (GAFAM, cryptomonnaies…) – dans ce cas, mieux vaut attendre un peu pour voir comment ces entreprises évoluent. En réalité, partir « au bon moment », cela veut d’abord dire selon vos projets, tant sur un plan personnel et familial que professionnel.
Si vous sentez que vous êtes dans une boucle « chercher / attendre le moment idéal », la question à vous poser, c’est plutôt : qu’est-ce qui va se passer si vous ne « bougez » pas ?
Avec sa variante, avoir peur de prendre la mauvaise décision pour changer d’entreprise
Quitter cette entreprise que vous connaissez si bien pour un nouveau job peut bien sûr faire peur. Cela a tout l’air d’un grand saut dans l’inconnu, surtout si vous n’avez pas de projet professionnel précis. Et si vous finissiez par regretter votre choix ?
Pour surmonter ces doutes, cette peur de l’inconnu, retour à la question de la section précédente : qu’est-ce qui va se passer si vous ne « bougez » pas ? Et aussi, poser de manière très concrète ce dont vous ne voulez plus et ce qui vous motive dans l’idée d’un autre job peut aider pour commencer à rendre tangible votre projet de transition professionnelle.
Vouloir changer d’entreprise d’abord et avant tout pour un plus gros salaire
En parlant de motivation, avoir le salaire comme principal moteur, c’est bien, mais c’est rarement suffisant pour aller au bout d’une journée où s’enchainent les galères au travail sans avoir envie de tout plaquer.
Si votre futur employeur achète seulement des compétences que vous avez déjà patiemment développées dans votre secteur d’ activité ces dernières années, ce type de mobilité n’est pas intéressant pour le développement de votre carrière, même s’il l’est probablement pour votre compte en banque…
Une bonne condition à se donner après de longues années dans la même entreprise, c’est de pouvoir ajouter une nouvelle corde à son arc, pour alimenter sa dynamique d’évolution professionnelle.
Croire, comme certains recruteurs, que vous n’avez pas évolué en restant dans la même entreprise
L’une des difficultés d’entamer une recherche d’emploi après autant d’années, c’est d’être convaincu de sa valeur ajoutée, pour pouvoir ensuite en convaincre les autres. En effet, certains recruteurs ou responsables des ressources humaines craignent que les habitudes prises au fil des ans vous empêchent de vous adapter à un nouveau mode de travail et à une autre culture d’entreprise. Même s’ils s’en défendent, certains seront réticents à vous croire.
A vous de leur montrer en quoi vous serez capable de vous détacher de cette entreprise et comment vous vous adapterez à une nouvelle culture d’ entreprise et aux attentes d’un nouvel employeur. A vous de leur donner des preuves de votre capacité d’adaptation. Et oui, rester au même endroit plusieurs années vous a probablement donné la possibilité d’évoluer au sein de l’entreprise, de changer de poste, de multiplier les expériences et d’étoffer vos compétences. Saviez-vous négocier ou manager le premier jour quand vous êtes arrivés ?
Sans oublier que vous pouvez aussi montrer par votre loyauté à entreprise actuelle votre ténacité et votre persévérance.
Avec son corollaire : changer d’entreprise et avoir peur de ne pas arriver à vous adapter
Moins vous êtes exposés au changement, plus vous doutez de votre capacité à changer. Mais ce n’est pas parce qu’avec l’âge vous êtes devenus monomaniaques du chocolat 99% de Lindt que vous êtes incapable de vous adapter à un nouvel environnement professionnel.
Oui, changer d’entreprise veut dire beaucoup de nouvelles informations et des processus différents à intégrer, de nouvelles relations à tisser. Bref, un nouvel écosystème à comprendre. Finalement, cela s’approche de toutes les fois où, dans votre entreprise actuelle, vous avez été amenés à changer de manager, d’équipe, de locaux… souvent sans même le choisir.
La question à vous poser n’est donc pas « saurez-vous prendre de nouvelles habitudes ? » mais plutôt en avez-vous envie ?
Et j’ajouterais : avez-vous envie de faire vos preuves dans cette nouvelle entreprise ?
Petit détour ici par le syndrome de l’imposteur qui guette peut-être à votre fenêtre. Changer de travail, c’est sortir de sa zone de confort. Après des années dans votre entreprise, vous pouvez même le ressentir comme une mise en danger. Allez-vous être appréciés ? Allez-vous être au niveau des attentes de votre nouvel employeur ? Et si ce changement d’entreprise finissait mal et se soldait par un échec ?
Et voilà les chevaux de l’imaginaire lancés au galop et votre confiance en vous qui dégringole. Il est temps de revenir dans la réalité et de vous concentrer sur ce que vous pouvez maitriser : le choix d’un secteur, d’une entreprise, la rédaction d’un CV, la préparation d’un entretien d’embauche, etc.
Et au risque de me répéter : quelles sont les conséquences, pour vous, si vous ne « bougez » pas ?
Confondre devoir faire ses preuves dans une nouvelle entreprise et devoir redémarrer à zéro
Après des années dans la même entreprise, il est normal que vous vous posiez des questions et que vous doutiez de votre vie professionnelle. Comment savoir s’il est temps pour vous de développer un projet de reconversion ou de création d’ entreprise, ou tout simplement de changer d’entreprise ?
Avoir envie de changer de vie n’est pas la même chose de d’avoir besoin d’un nouveau souffle dans sa vie professionnelle. Ce sont deux démarches très différentes. Se reconvertir est souvent l’aboutissement d’une longue réflexion, d’une quête profonde d’un nouveau sens. Vouloir changer d’entreprise répond au besoin de renouveler son horizon, d’évoluer dans son domaine d’activité tout en ouvrant à de nouvelles opportunités professionnelles.
Pour autant, même en cherchant tout simplement un poste dans une nouvelle entreprise, vous pouvez avoir l’impression qu’il s’agit de redémarrer à zéro, et que le risque est trop élevé, ou l’effort trop important. Mais cela vous fera moins peur si vous le voyez de manière progressive, incrémentale.
- Parce que vous pouvez compter sur toutes les compétences que vous avez acquises au fil des ans.
- Parce que vous pouvez compter sur votre réseau. Vous pensez peut-être que vous n’avez pas pris le temps ces dernières années de construit de réseau en dehors de votre entreprise actuelle. Mais c’est oublier toutes les personnes de votre entourage familial, amical et professionnel qui seraient ravies de prendre un café avec vous pour prendre de vos nouvelles, savoir où vous en êtes et si vous avez des projets.
En conclusion, je vous propose un petit détour par du latin. Vous avez probablement déjà entendu dire que le mot travail vient du latin tripalium, ce qui donnerait l’origine directe de la souffrance au travail. Et bien, ce n’est pas le cas ! Pour la sociologue Marie-Anne Dujarier, la racine de travail viendrait de « trans », au sens de traverser, d’avancer en surmonter des obstacles. Comme le « tra » du mot travel en anglais. On peut effectivement se demander comment tri-pa-lium a pu devenir tra-vail… Cette idée du mouvement, du parcours, du franchissement dans cette proposition d’étymologie nous donne plus de marges de manœuvre dans nos parcours professionnels. Et c’est justement en faisant le point sur toutes les bonnes raisons qui vous font envisager de changer d’entreprise, que vous pourrez petit à petit cheminer, un pas après l’autre, vers votre futur projet professionnel.