6 erreurs fréquentes lors d’une reconversion professionnelle et comment les éviter

Changer de métier, se reconvertir, est un horizon stimulant mais semé d’embûches. Beaucoup de cadres et de managers se lancent dans une reconversion professionnelle, persuadés qu’un nouveau départ résoudra tout, convaincus que leurs compétences et leur expérience suffiront à réussir cette transition. Pourtant les pièges sont nombreux pour passer du rêve à la réalité, qu’il s’agisse de se former pour changer de secteur d’activité, ou lancer sa propre activité, ou de devenir fonctionnaire quand on a été salarié. Manque de préparation, mauvaise communication de son profil, choc silencieux du changement, ou encore absence de vision à long terme : ces pièges sont plus fréquents qu’on ne le pense, et pour certains sous-estimés. Ils peuvent ralentir, voire compromettre, votre projet.

Cet article décrypte ces principales erreurs et vous donne des clés pour les éviter, afin de faire de votre reconversion une réussite pérenne dans le temps.

Sommaire

 

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Les 6 erreurs les plus fréquentes

1.     Vous précipiter sans stratégie claire

La tentation est parfois forte : on quitte son job sur un coup de tête, persuadé que l’herbe est plus verte ailleurs. J’ai vu trop de professionnels démissionner de leur poste actuel sans plan précis, pensant que leur talent seul suffirait.

Ils s’exposent alors à deux principaux problèmes :

Ils n’ont pas testé leur projet en parallèle, par exemple au travers du bénévolat ou sous la forme d’un « side-project ». Un projet peut sembler parfait sur le papier mais se révéler très différent dans la pratique. Ne pas tester son projet professionnel en conditions réelles ou proches est une des erreurs courantes.

Et ils n’ont pas construit de plan financier pour assurer une transition professionnelle sereine. Une baisse de revenus temporaire est souvent acceptée, mais une planification insuffisante peut créer des difficultés à long terme. Résultat : stress financier, doute et risque de retour à la case départ.

Quitter son job sans plan, c’est avoir beaucoup d’espoir… et zéro stratégie !

2.     Ignorer vos véritables motivations

J’ai aussi rencontré des personnes qui changent de voie pour de mauvaises raisons, que ce soit fuir un.e manager avec qui ils ne s’entendent pas, rechercher d’abord et avant tout un meilleur salaire, ou suivre une mode (« tout irait mieux si j’étais à mon compte… »).

Sans avoir identifié leurs valeurs et ce qui les fait vibrer.

Sans s’être posé la question : qu’est-ce qui m’enthousiasme VRAIMENT ?

Sans avoir échangé avec des professionnels du secteur qu’ils visent pour comprendre la réalité du terrain.

Changer de carrière, ce n’est pas juste fuir un job qui vous ennuie, c’est construire un futur qui vous inspire. Le problème : si votre reconversion ne repose pas sur vos aspirations profondes, elle ne tiendra pas sur le long terme. Je repense à ce cadre en finance que j’avais accompagné environ 1 an après son processus de reconversion raté. Il avait quitté son poste stressant pour devenir consultant indépendant, pensant gagner en liberté. Six mois plus tard, il a réalisé qu’il détestait prospecter et assumer la responsabilité quotidienne de son activité seul. C’est encore six mois plus tard qu’il m’a contacté : il était revenu en entreprise totalement frustré et avait du mal à se réintégrer.

3.     Sous-estimer la courbe d’apprentissage

Changer de métier, ce n’est pas juste faire un transfert de compétences. Chaque secteur a ses codes, ses défis et son jargon. Beaucoup pensent que leur expérience suffira à tout maîtriser rapidement. Faux ! Se reconvertir, c’est redevenir apprenant.

Cela nécessite d’accepter d’être de nouveau débutant, même après une carrière brillante. Voire de se former sérieusement avant de sauter le pas, selon les reconversions (comme par exemple quand on souhaite devenir coach professionnelle !). Et pour d’autres, de trouver un mentor qui vous guidera.

C’était le cas de la cliente d’une de mes amies coach : elle avait eu un rôle de directrice commerciale dans un grand groupe, et elle avait décidé de se lancer dans la pâtisserie qui était sa passion, en pensant que son sens de la gestion suffirait. Mais entre la maîtrise des techniques, la logistique et la concurrence dans le quartier dans lequel elle s’était implantée, elle a rapidement réalisé qu’elle n’avait pas anticipé l’effort d’adaptation… et qu’elle avait besoin d’être accompagnée dans son apprentissage de sa nouvelle vie professionnelle.

De même, beaucoup pensent qu’une fois la reconversion actée, l’apprentissage s’arrête. Pourtant, il faut sans cesse s’adapter aux évolutions du marché, sans négliger une montée en compétences continue.

4.     Négliger votre réseau et votre image

Beaucoup font l’erreur de croire qu’un CV bien fait suffit pour changer facilement de carrière. En réalité, l’écrasante majorité (80 % ?) des opportunités viennent du réseau, des gens qu’on connait. Trop de cadres ne communiquent pas sur leur transition professionnelle autour d’eux, ne sont pas actifs sur LinkedIn, n’identifient pas les acteurs influents de leur futur secteur, ne se connectent pas à eux et n’interagissent pas avec leur future communauté professionnelle.

C’est le meilleur moyen de se retrouver seuls face à au marché du travail, sans opportunités, sans pistes de poste ou de futurs clients.

5.     Vouloir tout faire seul

Vous pensez que vous devez tout gérer vous-mêmes ? Vous refusez de demander de l’aide ? Vous contournez les associations bénévoles ou des groupes de soutien pour accélérer leur réussite ? (et je ne parle même pas des services de coachs professionnels dont c’est le métier !). Vous ne voulez pas vous entourer de personnes ayant déjà réussi leur transition ?

Se reconvertir demande du temps, des compétences et une méthodologie. Un changement de carrière réussi repose sur des conseils, des retours d’expérience… Si vous n’acceptez pas de déléguer certaines tâches pour éviter l’épuisement, vous allez jongler entre « production », « paperasse administrative », « commercial », et « pilotage stratégique de votre activité ». Et découvrir à vos dépends comment vos journées (et weekends) y seront engloutis !

 

6.     Ne pas adapter son discours professionnel

Certains candidats en reconversion qui postulent dans leur nouveau secteur se présentent encore avec leur ancienne identité professionnelle, ce qui brouille leur message.

Un exemple de ce qu’il ne faut pas faire ? Si vous êtes, disons, directeur financier et que vous voulez devenir DRH. Après la formation adéquate, vous vous lancez dans une recherche de poste. Lors d’entretiens d’embauche, que se passera-t-il si vous insistez par habitude sur votre maîtrise des chiffres et votre expérience en pilotage de la performance… et que vous oubliez de démontrer votre sensibilité aux enjeux humains, au développement des compétences des collaborateurs et des équipes ? Les recruteurs ne vous verront pas en futur DRH, mais en financier qui veut « bricoler » dans les RH.

A la place, il serait plus judicieux de préparer ses entretiens en reformulant son expérience avec des compétences transférables, en disant par exemple que son approche stratégique des ressources humaines lui permet d’optimiser le développement des collaborateurs et d’aligner la politique RH avec la vision business de l’entreprise. Et de valoriser des expériences pertinentes d’interactions avec les équipes RH, en utilisant un vocabulaire et un storytelling adaptés aux RH. Donc sans reprendre l’ensemble de son parcours professionnel, mais en priorisant les éléments les plus pertinents en lien avec ses nouvelles aspirations professionnelles.

 

Les 4 erreurs les plus sous-estimées

1.     Ne pas prendre en compte l’impact sur votre entourage

Changer de carrière n’affecte pas que soi-même, mais aussi son entourage.

Vous n’en discutez pas ouvertement avec leurs proches avant de prendre une décision. Ce qui peut entraîner une bonne dose de stress inutile supplémentaire.

Vous n’élaborez pas un plan d’ action avec votre conjoint pour assurer une transition financière fluide le temps que votre situation professionnelle se stabilise. Vous réalisez trop tard que votre conjoint n’est pas à l’aise avec l’instabilité financière du projet de reconversion, ce qui crée des conflits.

Bref, vous négligez l’impact du soutien familial et amical. Un processus de reconversion affecte votre équilibre de vie et votre entourage peut être un allié… ou un frein.

2.     Surestimer votre capacité à gérer l’incertitude

La reconversion implique souvent une période d’incertitude où tout n’est pas clair dès le début. Combien n’acceptent pas que le doute fait partie du processus ? Combien ne fixent pas des étapes claires et réalistes ? Combien ne travaillent pas leur adaptabilité en préparation de leur transition ?

Après trois mois sans client, difficile de ne pas paniquer quand on devient solopreneur. Et dès les premières difficultés, on abandonne, parce qu’on ne s’est pas ou mal préparés à ce flou temporaire, et qu’on a évité de se poser les bonnes questions par rapport à son parcours de reconversion et à son nouvel environnement professionnel.

3.     Sous-estimer la transition émotionnelle

Changer de carrière, c’est aussi traverser une forme de deuil : de son statut, de son expertise, de ses habitudes. Certains se découragent à la première difficulté, faute de préparation psychologique.

Je repense à une responsable marketing que j’ai croisée dans une association d’aide à la reconversion des cadres, qui a perdu confiance en elle et a fini par douter de son choix de devenir chef de projet digital dans une grande entreprise. Elle était très enthousiaste à l’idée d’explorer ce nouveau domaine et a sous-estimée le choc du changement. Elle est passée de manager d’une équipe à contributrice individuelle, sans autorité directe sur ses projets. Et elle qui était habituée à être reconnue comme experte en marketing, elle s’est sentie longtemps comme la débutante qui posait beaucoup de questions.

Une reconversion, même en restant salarié.e, peut être un choc identitaire. Passer d’une posture de sachant à celle d’apprenant n’est pas évidente. Il faut préparer cette reconversion mentalement autant que techniquement, sans négliger l’aspect psychologique. Trouver un mentor interne pour être accompagné et pour structurer son apprentissage peut être un coup de pouce bien utile.

4.     Ne pas anticiper les effets à long-terme

Une reconversion réussie n’est pas un sprint, mais un marathon avec des checkpoints stratégiques. Je pense à deux éléments importants d’anticipation des effets à long-terme d’un projet de transition :

D’abord : ne pas revoir régulièrement votre stratégie. Une reconversion n’est pas un plan figé. Ceux qui refusent d’ajuster leur approche face aux imprévus finissent souvent dans une impasse d’insertion professionnelle. C’est comme naviguer sans boussole en espérant arriver à bon port !

Mais aussi : ne pas anticiper la lassitude ou l’évolution de vos aspirations. Ce qui nous motive aujourd’hui peut ne plus nous convenir dans 5 ou 10 ans. Se reconvertir, c’est aussi accepter l’idée d’évoluer à nouveau.

Comment utiliser LinkedIn et son réseau pour changer de carrière ?

LinkedIn a désormais plus de 30 millions d’utilisateurs en France (2024). C’est une évidence : la plateforme est bien plus qu’un simple CV en ligne pour répondre à des offres d’ emploi. C’est la vitrine de votre expérience professionnelle, c’est votre carte de visite digitale, votre espace d’influence. Pourtant, beaucoup se contentent d’un profil basique et espèrent que les opportunités viendront à eux. Mauvaise stratégie ! Ne pas soigner son image sur LinkedIn, c’est être invisible dans un monde ultra-connecté.

Pour une reconversion professionnelle, il est utile :

–       D’optimiser votre profil avec une photo professionnelle, une bannière attrayante et un titre accrocheur qui reflète votre nouvelle orientation

–       De rédigez un résumé convaincant mettant en avant vos compétences transférables avec des mots-clés pertinents pour votre nouveau domaine. Un exemple ? « Expert marketing en reconversion vers le développement commercial | Stratège créatif orienté résultats »

–       De raconter votre histoire. Votre reconversion est unique, faites-en votre force en expliquant le « pourquoi » de votre changement de cap, en mettant en avant votre adaptabilité et votre motivation, en illustrant vos compétences par des exemples concrets. Cela pourrait par exemple ressembler à « Après 10 ans dans la finance, j’ai découvert ma passion pour l’innovation durable. Aujourd’hui, je mets mon expertise analytique au service de projets éco-responsables. »

–       De publier régulièrement en partageant vos réflexions et votre expérience sur votre transition

LinkedIn donne aussi à voir le pouvoir de votre réseau, pour arrêter de postuler sans fin sur des plateformes anonymes. Parce que votre prochaine opportunité se trouve peut-être déjà dans votre réseau. Mais si vous ne l’activez pas, personne ne viendra vous chercher.

Comment faire ?

–       Élargissez votre réseau en utilisant la stratégie des cercles concentriques. Pour percer dans votre nouveau domaine, commencez par identifier les influenceurs et experts de votre secteur cible.

–       Envoyez des messages personnalisés aux personnes de votre domaine cible, et interagissez intelligemment avec eux avant de leur demander un service, des contacts ou quoi que ce soit de concret. Vous pouvez par exemple envoyer un message de prise de contact comme celui-ci : « Bonjour Sarah, votre parcours dans l’IA m’inspire. En tant que data analyst en reconversion, auriez-vous un moment pour échanger sur votre expérience ? »

–       Rejoignez des groupes LinkedIn thématiques pour interagir avec des experts, et participez aux discussions en commentant les posts des leaders d’opinion qui vous ouvriront encore d’autres forums professionnels.

–       Concentrez-vous sur les bons contacts, en étant stratège. Avoir plus de 500 connexions ne sert à rien si elles ne sont pas pertinentes. Il vaut mieux trouver les bons alliés.

LinkedIn est un outil puissant, mais il ne fonctionne que si vous vous engagez activement. Publiez, interagissez, osez contacter des inconnus en vous rendant visible.

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Comment tester un nouveau métier en prenant le moins de risques possibles ?

Changer de carrière ne signifie pas forcément tout abandonner du jour au lendemain. Il est essentiel de tester son futur projet de vie et son nouveau métier avant de s’y engager pleinement, pour minimiser les risques de votre reconversion professionnelle. Parce que se reconvertir sans tester son projet, c’est comme acheter une voiture sans l’essayer : grosse prise de risque garantie !

Comment transformer votre curiosité en opportunité concrète, sans compromettre votre stabilité actuelle ?

–       Pour cela, vous pouvez tester le bénévolat ou des missions ponctuelles. Par exemple, si vous voulez devenir consultant.e en RSE, vous pouvez proposer d’accompagner une petite association bénévolement pour voir si le métier vous plaît.

–       Vous pouvez aussi tenter votre job de rêve en « side-project ». Si vous rêvez de devenir photographe par exemple, cela pourrait être intéressant de commencer par des shootings le week-end.

–       A essayer également : les formations immersives de type bootcamps ou les formats en ligne qui proposent des mises en situation réelles. J’ai récemment rencontré une personne qui a découvert sa passion pour le design UX en participant à des hackathons virtuels le week-end. Sans quitter son poste, il a pu construire un portfolio impressionnant… avec quelques heures de sommeil en moins pendant ses weekends !

–       Vous pouvez aussi transformer votre réseau en laboratoire d’opportunités, en faisant du networking inversé. Par exemple en participant à des « reverse mentoring » pour apprendre des juniors du secteur que vous visez. Ou en participant à des « job dating » inversés où les entreprises se présentent à vous.

–       Si vous vous entendez bien avec votre entreprise, vous pouvez négocier un « intrapreneuriat », c’est-à-dire de l’exploration interne. Votre employeur actuel peut être votre meilleur allié, si vous lui proposez un projet innovant lié à votre nouveau centre d’intérêt, soit en lui demandant une rotation temporaire dans un autre service, soit en créant un « side project » officiel au sein de votre entreprise. C’est que qu’a fait une de mes clientes, qui était comptable de formation, et qui a initié un projet de digitalisation financière au sein de son entreprise. Cela lui a permis de développer ses compétences en gestion de projet IT tout en restant dans son entreprise, sans changer de statut professionnel.

–       En parallèle de ces expériences, vous pouvez aussi utiliser votre temps libre pour commencer à bâtir votre nouvelle identité professionnelle en lançant un blog ou un podcast sur votre nouveau domaine d’expertise. Je suis par exemple tombée sur la chaîne YouTube d’un ingénieur sur l’écologie industrielle. Il raconte qu’il a mis environ un an à commencer à être un créateur de contenu reconnu, ce qui lui a ouvert la porte à une reconversion en tant que consultant en développement durable.

Toutes ces pistes vous aideront à explorer de nouveaux territoires professionnels tout en gardant les pieds sur terre. Rappelez-vous : la clé est d’agir avec intention et stratégie.

En conclusion

une reconversion professionnelle ne s’improvise pas. La clé ? Une préparation stratégique, une bonne connaissance de soi et un réseau solide. Parce qu’une reconversion réussie ne repose pas uniquement sur le choix du bon métier, mais aussi sur une préparation psychologique, stratégique et financière approfondie.

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