Comment retrouver de la confiance dans l’incertitude ?

Vous avez déjà compté le nombre d’études qui disent qu’une majorité de Français / Européens / Américains / et autres s’inquiètent et affirment que l’incertitude nuit à leur performance et à leur bien-être au travail ? L’incertitude, c’est se demander si vous serez embauché(e) pour le poste que vous visez, si vous aurez l’augmentation annuelle que vous souhaitez, si votre auditoire va réellement aimer votre présentation…  Parce qu’elle engendre de la peur, l’incertitude est responsable de beaucoup de dysfonctionnements dans les entreprises. Alors comment retrouver de la confiance face à l’incertitude professionnelle ?

Sommaire

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Quelle est la différence entre doute et incertitude ?

Avant toute chose, je préfère être sûre qu’on parle bien de la même chose.

L’incertitude, c’est ne pas savoir ce qui va se passer dans le futur (= danger), et ne pas savoir comment on va y faire face (= sentiment d’impuissance). Devant le champ ouvert des possibles, l’incertitude est un « mal » contemporain de la culture occidentale, qui propose toutes sortes d’assurances contre le risque.

Le doute, c’est autre chose. Douter, c’est être en mesure de questionner des évidences, des affirmations, des dogmes. Depuis Descartes, le doute, c’est le refus des apparences, c’est une liberté de penser. Avec le doute, pas d’impuissance mais une capacité à s’interroger.

En quoi l’incertitude limite votre efficacité au travail ?

Nous sommes biologiquement construits pour surestimer les menaces et pour sous-estimer notre capacité à les gérer. Et comme l’incertitude = danger, les incertitudes de la vie professionnelle suscitent souvent une réaction de défense ou de paralysie :

  • Je préfère anticiper pour éviter les mauvaises surprises, j’essaie d’imaginer toutes les façons dont « ça » pourrait mal tourner
  • Je n’ose pas prendre de décision parce que je ne sais pas si ce sera la bonne

 

La nature n’étant pas avare, ces deux attitudes, sur-préparation et indécision, peuvent aussi coexister chez un manager ou au sein d’un Codir !

Pourquoi ? Parce notre cerveau est habitué à concevoir toutes sortes de scénarios tout au long de la journée, sans qu’on s’en rende forcément compte. Un collègue ne répond pas à un mail, vous en concluez immédiatement que c’est qu’il vous en veut de… Votre boss lève un sourcil bizarrement en réunion, c’est qu’elle désapprouve votre proposition… Votre candidature est rejetée, c’est forcément que vous n’avez pas su… Votre cerveau imagine souvent le pire scénario, et surtout, vous pensez immédiatement que c’est vous qui êtes en cause.

Préparer quelques scénarios, avoir un plan A et un plan B, c’est plutôt une bonne idée. Mais si vous préparez 7 scénarios en vue de tous les dénouements possibles, et si vous avez une déclinaison de plans A à X en comptant les variations et combinations de facteurs, c’est énormément de temps passé à construire et déconstruire des châteaux de sables imaginaires.  

Autre limite : face à de l’incertitude, on recherche tous, logiquement, plus de certitude. Pour cela, il vous arrive probablement de demander aux autres de vous rassurer. A combien de personnes avez-vous demandé de vous conforter sur votre décision de lancer le produit X sur le marché Y au prix de Z ? De manière ironique, cela a pour effet de renforcer la croyance que vous ne pouvez pas faire face à l’incertitude seul(e). Car demander son avis à « tout le monde » avant de prendre une décision renforce votre manque de confiance dans la capacité que vous avez à décider par vous-même.

Essayer de supprimer l’incertitude en multipliant les scénarios et les avis est une démarche fatigante, stressante et frustrante, parce que vouée à l’échec. Il y aura toujours des choses qu’on ne peut pas prévoir. L’incertitude est une réalité inéluctable. Sans même parler de bouleversements globaux comme le Covid, je pense tout simplement à un plan de licenciement qui se décide du jour au lendemain, à la menace de coupes budgétaires en cours d’année, ou encore aux effets de l’intelligence artificielle générative dans votre secteur.

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4 pistes pour mieux cohabiter avec l’incertitude

Voici quelques idées pour éviter de dépenser trop de temps et d’énergie à lutter contre l’incertitude, et nourrir davantage de confiance en vous :

1.    Avant tout, immunisez-vous contre les injonctions simplistes

et oui, cette formule est une injonction mais vous allez comprendre !

Vous êtes probablement déjà tombés sur des articles riches en conseils du type « Arrêtez de ruminer » ou « Prenez soin de vous ». Sur le fond, ces idées ne sont pas mauvaises. Mais si c’était facile à faire, vous le feriez déjà, non ?! Ce n’est pas comme si vous aviez oublié : « ah mais j’y pense, et si j’arrêtais de ruminer l’incertitude de ma vie professionnelle après la pause déj ? »

Ces injonctions, plus faciles à dire qu’à mettre en œuvre, ne vous mènerons pas dans la bonne direction pour réduire l’angoisse face à l’incertitude ambiante.

2.    Accepter de tolérer l’incertitude

Alors par où commencer ? Un premier pas pourrait être d’accepter l’idée que l’incertitude peut être « tolérable », et que vous pouvez développer votre tolérance à son égard.

Sinon, l’alternative, c’est de vouloir éviter au maximum cette incertitude qui vous fait peur. Cela peut fonctionner… sur le moment. Mais adopter une stratégie d’évitement, c’est adopter l’angoisse qui va avec, parce que cette stratégie empêche d’expérimenter que la vie professionnelle n’est pas aussi risquée que vous le croyez.

Accepter que l’incertitude peut être tolérée, c’est s’orienter vers une possible cohabitation.

3.    Identifier ce que vous pouvez maitriser 

Faisons un petit détour par les émotions : la peur liée à l’incertitude est une émotion. Par définition, on ne peut rien y faire, c’est notre corps qui nous dit « attention, menace ». Il ne sert donc à rien d’imaginer un jour ne plus avoir peur du tout.

Mais vous pouvez apprendre maitriser votre réaction face à cette peur. Car même dans les situations d’incertitude, d’inconnu, il y a des choses que vous savez, que vous sentez, et qui peuvent vous redonner de la maîtrise. 
 
Prenons un exemple : vous cherchez un nouvel emploi, et vous ne pouvez pas savoir si vous allez réussir à vous faire recruter par l’entreprise qui vous intéresse le plus. Vous ne lisez pas l’avenir, mais vous avez la main sur d’autres choses, dans le présent : sur la qualité de votre CV, sur la manière dont vous sollicitez votre réseau, sur la sélection des annonces auxquelles vous candidatez, etc. 

4.    Varier les perspectives

Autre piste : vous rappeler que l’inconnu ne souffle pas qu’un vent mauvais. Vous rappeler que dans l’incertitude, il y a de nombreuses issues possibles, positives et négatives. Accepter ce dé-cadrage contribue à augmenter votre tolérance à l’incertitude, parce qu’il nourrit votre capacité à anticiper de manière plus équilibrée des résultats à la fois positifs et négatifs.

Cet effort fait travailler votre cerveau. Dans un environnement prévisible, il a la possibilité d’être plus paresseux, et de rester « intolérant » aux changements et à l’incertitude. Alors que dans un cadre peu familier, il a besoin d’absorber plus de nouvelles informations, d’apprendre de nouveaux paramètres. C’est comme cela qu’il nourrit votre capacité d’adaptation, et donc votre confiance en votre capacité d’agir dans des contextes incertains.

En conclusion, face à l’incertitude, votre objectif est de vous concentrer sur ce dont vous pouvez être raisonnablement sûr, et d’avoir confiance dans le fait que vous avez les capacités pour rebondir. Le chemin de la confiance passe de l’allergie à l’incertitude à une étape d’intolérance à une étape de tolérance. Il ne s’agit pas d’imaginer un jour adorer l’incertitude, mais de pouvoir cohabiter avec elle, comme avec vos voisins qui sont certes pénibles mais pas méchants.

Alors soyez attentifs aux entreprises qui créent de la sécurité psychologique pour leurs équipes : elles savent comment transformer la peur de l’incertitude en opportunités pour apprendre.

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